Mohamed Boudia (en arabe : محمد بوديا), né le 24 février 1932 à la Casbah d'Alger et mort le 28 juin 1973 à Paris 5e, est un dramaturge, militant et activiste indépendantiste algérien et de la cause palestinienne. Mohamed Boudia, gamin de la Casbah, quitte l’école dès la fin de la primaire, va cirer des chaussures ou vendre des journaux. Au milieu des années 1940 Boudia vit sa première arrestation : alors apprenti tailleur, il est envoyé dans une prison pour mineurs pour avoir volé son patron de la somme exacte que ce dernier refusait de lui payer. Cet événement sera le premier jalon de sa personnalité de militant. A sa sortie, il est pris en charge par un bureau d’action sociale pour l’insertion des jeunes : il y croise Mustapha Gribi, qui le prend en charge et l’initie au théâtre. Il entre au centre régional d’art dramatique d’Alger mais doit s’exiler à Dijon pour son service militaire. C’est pendant celui-ci que la révolution éclate. Boudia effectue des allers-retours incessants entre la politique et le théâtre. Ces pièces de théâtre sont en lien avec la quête de l'indépendance de l'Algérie. De 1955 à 1957, le théâtre est pour lui un combat politique. À cette époque, plusieurs personnes du milieu du théâtre engagées dans les mouvements nationalistes servent d'étendard à la question algérienne dans les grandes villes françaises. Mohamed Boudia et son ami Mohamed Zinet forment un duo d'agitateurs. Ils participent activement aux actions de la Fédération de France du FLN, font connaître au public les objectifs et les prises de positions du mouvement nationaliste. Marié, il rejoint Paris et la section française du FLN. On l’envoie à Marseille, où il fait exploser les dépôts de pétrole de Mourepiane. Arrêté, il est jugé par le tribunal permanent des forces armées de Marseille et défendu par le Collectif de défense du FLN, dont fait partie Jacques Vergès. Il est alors envoyé à la prison des Baumettes à Marseille puis à celle de Fresnes où il purge la majeure partie de sa peine entre 1960 et 1961. Ses deux pièces Naissances et L’Olivier sont écrites en prison : Boudia s’organise avec ses codétenus, en faisant du théâtre une résistance à l’incarcération, autant physique que morale. Il traduit en langue algérienne Le Malade imaginaire de Molière, qu’il joue devant près de 1000 détenus. Transféré à la prison d’Angers, il s’en évade en 1961 avec l’aide de l’organisation et des réseaux français d’aide au FLN. Il rejoint Alger en 1962, où il devient administrateur général du Théâtre National Algérien. Mohamed Boudia a puisé dans son quotidien les ressources pour imaginer une Algérie libérée du joug colonial, nourrie de la réalité des plus modestes, ce qui le fait écrire : « Les ouvriers et les paysans continuent les sacrifices et attendent des intellectuels qu’ils les rejoignent sur le terrain du réel, hors des spéculations et des schémas déroutants ». En 1965, Mohamed Boudia partait en train dans les villes et les villages d’Algérie, jouer des pièces de théâtre en langue algérienne pour qu’il soit accessible à tout le monde. En 1969, Mohamed Boudia épouse par exemple la cause palestinienne. Le Mossad et le gouvernement israélien l’accusaient d’être un des cerveaux de la prise d’otages d’athlètes israéliens aux Jeux olympiques de Munich, en 1972. Il est assassiné par les services secrets israéliens le 28 juin 1973 à Paris 5e.