Née à Amiens le 19 mars 1911, Simone Renant, de son vrai nom Georgette Buigny, était sortie avec un deuxième prix du Conservatoire et avait commencé à jouer en 1932 dans La Folle Nuit, de Léon Poirier. Elle mena alors de pair une double carrière, théâtrale et cinématographique. De la première, vouée au boulevard, restent en mémoire Treize à table, de Marc-Gilbert Sauvageon (1953), et deux pièces qui furent filmées par Roger Richebé : Romance à trois, de Denys Amiel (1942), et Domino, de Maurice Achard (1943). On la vit aussi chez Guitry, Bourdet ou Anouilh. Le cinéma, lui, a gardé trace de personnages plus marquants, dont le plus célèbre est celui qu'elle incarnait dans Quai des Orfèvres, d'Henri-Georges Clouzot (1947) : Dora, photographe ambigu aux misérables secrets. De la quarantaine de films où elle s'illustra dans l'apparence de la frivolité surnagent ceux qu'elle tourna avec celui qui fut un temps son mari, Christian-Jaque : L'École des journalistes (1935), Les Pirates du rail (1937), une épopée colonialiste située en Chine, où elle est prisonnière d'un pirate campé par Erich von Stroheim, Voyage sans espoir (1943). Mais aussi Les Perles de la couronne, de Sacha Guitry (1937), où elle incarne la Du Barry, Elles étaient douze femmes, d'Yves Mirande (1940), qui la voit faire la peste de salon, Lettres d'amour, de Claude Autant-Lara (1942), où elle fait l'épouse infidèle sous le Second Empire. "Femme à falbalas, étincelante de bijoux, demi-mondaine experte aux jeux d'éventail, rose éclatante dans le bouquet des femmes-fleurs qui entourent Antoinette de Langeais", écrivent Olivier Barrot et Raymond Chirat dans leur ouvrage sur les acteurs du cinéma français des années 1930-1960 (Noir et Blanc, Flammarion). Simone Renant fait la coquette dans Mam'zelle Bonaparte, de Maurice Tourneur (1941), et dans La Duchesse de Langeais, de Jacques de Baroncelli (1941). Après Clouzot, Simone Renant dut se contenter de rôles moins prestigieux, dans Faibles femmes, de Michel Boisrond (1958), Madame de Volanges dans Les Liaisons dangereuses, de Roger Vadim (1959), Sans famille, d'André Michel (1957). Épisodiquement, elle resurgit, dans L'Homme de Rio (1963) ou Tendre poulet (1977), de Philippe de Broca, ou Trois hommes à abattre, de Jacques Deray (1980). Le souvenir qu'elle laisse est celui de la blonde séductrice de ses débuts, qui faisait dire à Françoise Giroud : "Si elle avait été le Petit Chaperon rouge, c'est elle qui aurait mangé le loup."